Alain CHABROLLE (FRAPNA) : les collectivités doivent s’appuyer davantage sur les associations


Après le Grenelle de l’Environnement, des associations comme France Nature Environnement et la FRAPNA perçoivent-elles des évolutions ou a-t-on fait du surplace ?


Le congrès national de France Nature Environnement qui s’est tenu récemment à Strasbourg avec la participation de 400 responsables d’organisations régionales ou départementales a montré une nouvelle étape dans la reconnaissance de France Nature Environnement, fédération à laquelle appartient la FRAPNA. Nous avons vu intervenir des représentants de la CGT, de la CFDT, du Medef, la Secrétaire d’Etat à l’Ecologie est intervenue, Jean Louis Borloo Ministre de l’Environnement de l’Energie, du Développement durable, de l’Aménagement du Territoire est resté une grande partie de la journée.


France Nature Environnement et ses composantes ont pu montrer quelle était leur implantation dans les territoires. D’autres organisations réalisent un travail intéressant à l’international ou sur certaines thématiques, mais France Nature Environnement représente une force unique, de 3000 associations et de milliers d’adhérents vraiment présents sur les territoires.


France Nature Environnement a quarante ans et présente en cette année 2008 une plate-forme réunissant 40 propositions pour des Territoires durables , robustes et désirables. France Nature Environnement est prête à participer aux décisions dans les territoires, car les habitants citoyens ne peuvent plus être tenus à l’écart de la préparation et de la mise en œuvre des changements de la société.


Comment le mouvement FNE peut-il évoluer pour être plus efficace et plus lisible ?


Malgré le travail qu’elles réalisent, malgré leur implantation locale très forte, nos associations manquent de lisibilité. La FRAPNA, France Nature Environnement ont des moyens communs, des actions communes, nous formons déjà depuis longtemps un ensemble cohérent, mais tout cela n’est pas assez visible. Il faut sans doute que nous montrions que nous appartenons au même mouvement, peut-être avec l’apparition progressive d’un nom unique qui mettra en valeur notre appartenance.


Comment faire évoluer vos rapports avec les collectivités ?


Nous souhaitons que les associations bénéficient d’un véritable statut auprès des collectivités pour réaliser des partenariats, dans le cadre de conventions pluriannuelles et pas seulement dans le cadre d’appels d’offres qui risqueraient devenir de simples marchés commerciaux , sans tenir compte de l’expertise, de l’expérience des associations.


Les associations peuvent aussi apporter leurs compétences aux élus. En ce début de mandat, pour les communes et pour les conseillers généraux qui ont connu un grand renouvellement, il nous semble nécessaire que les nouveaux élus soient formés pour acquérir des compétences dans le domaine de l’environnement, de l’écologie. Des intentions ou des déclarations ne suffisent pas. Or nos associations travaillent depuis quarante ans pour la FRAPNA, sur les questions d’aménagement.


Les associations doivent aussi être associées à des décisions. Pour de grandes agglomérations, comme Lyon ou Grenoble, il serait normal de mettre en place un programme de mandat qui permette de réunir rapidement les acteurs, pour mettre au point un programme et préparer sa réalisation.


Nous attendons aussi sur le Grand Lyon, la réalisation d’une Maison de l’Environnement capable en particulier de réunir toutes les associations.



Sur quels dossiers pouvez-vous apporter vos compétences ?



On nous associe maintenant réellement à la réalisation de certains projets. C’est le cas de l’autoroute A 89. Nous ne sommes pas d’accord avec le projet, mais puisqu’il va être réalisé, nous souhaitons qu’il le soit en limitant les effets négatifs.


Nous avons été associés, avec la Fédération des Chasseurs, avec la Fédération de Pêche, pour réaliser pendant trois ans un suivi du chantier, pour suivre la manière dont les déblais de deux tunnels seront traités, en particulier dans le réaménagement de carrières. Nous allons suivre la mise en place des mesures de compensation.



Nous sommes associés à la détermination de bien des actions, mais cet aspect de la préparation de la décision publique est mal connu.


Dans le Rhône, au niveau du Conseil général, nous participons aux réunions du Programme agricole départemental, nous discutons avec l’administration, avec les organisations agricoles comme la Confédération paysanne, comme la Fédération des Syndicat d’Exploitants agricoles pour peser sur les orientations de l’agriculture du département


Quels sont les dossiers qui vous inquiètent le plus ?


Nous voyons que la pollution par les PCB n’est pas limitée au Rhône. Nous avons demandé l’extension des études et on découvre que la contamination par les PCB touche aussi les lacs alpins et nous sommes inquiets car la présence de PCB indique sans doute la présence de tout un cocktail de polluants dangereux pour la santé et pour les milieux. Nous sommes aussi inquiets devant le projet de législation concernant les OGM, mais aussi devant l’autorisation donnée à un nouvel insecticide, le Cruiser, pour lequel Rhône-Alpes a été choisie comme région test.


La nouvelle donne dans la Région Urbaine de Lyon, peut-elle modifier un dossier comme celui du projet d’autoroute A 45 Lyon Saint-Etienne ?


A Strasbourg, le changement politique a amené à la mairie une majorité de gauche et le maire a annoncé qu’il renoncerait au contournement ouest de la ville.


Le changement de majorité municipale à Saint-Etienne devrait faire évoluer le dossier du projet d’Autoroute A 45. Michel Thiollière, le maire de l’ancienne municipale, était un chaud partisan de la liaison autoroutière. Le maire socialiste, Maurice Vincent, avec une composante Verte consistante, ne soutiendra pas le projet.


Il faut rappeler que le trafic décroit depuis deux ans entre Lyon et Saint-Etienne, le projet a besoin de financements publics et les collectivités comme le département du Rhône ne sont pas favorables.


Le changement politique à Saint-Etienne devrait rouvrir le dossier des alternatives, amélioration de l’A 47, utilisation du ferroviaire, etc. C’est ce qu’espèrent la FRAPNA, mais aussi l’association pour la Sauvegarde des Coteaux du Lyonnais. Du côté du Ministère, Jean-Louis Borloo a laissé entendre admis que l’absence de portage local rendait difficile le portage du projet.


Recueilli par Michel Deprost


michel.deprost@free.fr





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